[À lire _ pour vivre une grande aventure et déchiffrer le message qu’il contient]

Ce livre est un chef d’oeuvre littéraire, d’où la longueur de cette chronique. J’espère sincèrement vous donner l’envie de lire ces lignes jusqu’au bout car j’ai plusieurs choses importantes à vous dire.

Un livre à lire ou …à écouter

Je crois que je n’aurais pas pu faire plus belle rencontre avec la langue de Dumas que portée par la voix du narrateur Eric Herson-Macarel. Premier livre audio, premier Dumas, et c’est un coup double. Double coup de foudre. Deux hommes, une plume et une voix, qui se rencontrent autour d’une même langue : notre cher français. Même un peu vieilli, même avec ses tournures de phrases tombées en désuétude, on aime. Si fait ! dirait Dumas.

Il y a au moins 3 bonnes raisons de lire ce chef d’oeuvre, en vous les racontant je vais vous exposer l’histoire et vous livrer mon analyse des messages que recèle ce texte.

Raison 1 : Pour la grande aventure que vous vous apprêtez à vivre.

[De quoi parle ce roman ?]

Grande épopée, manipulation, amours contrariés, rebondissements, suspense, tout y est.

Tout part d’une énorme injustice qui conduira Edmond Dantès en prison. Que feriez-vous si le jour de votre mariage on venait vous arrêter pour vous emmener croupir dans une prison pour un fait que vous n’avez pas commis ? Pis encore, si cette arrestation était une conspiration orchestrée pour servir les intérêts de personnages peu scrupuleux. Imaginez passer des années dans une cellule avec pour seul compagnon le désir de vengeance. Et si quelqu’un vous donnait la possibilité de changer le cours des choses, accepteriez-vous ? Un peu comme un magicien mais sans magie, juste avec de l’argent, du temps et de l’esprit.

Ce livre est celui d’une vaste machination où des liens se tissent et s’entremêlent. Je vous l’annonce, il arrivera des instants qui vous perdront, vous ne verrez pas le lien immédiat avec l’intrigue. Et puis viendra le moment où tout s’éclaire, où l’on comprend. Les fils se déroulent et l’intrigue se dénoue, c’est grandiose.

Le destin du Comte est tour à tour émouvant, troublant, écoeurant. Il est parfois drôle, mais il est surtout ingénieux et instructif. On en arrive à la raison la plus importante de le lire à mon sens : le point numéro 2.

Raison 2 : Pour ses réflexions

[Mon interprétation de ce livre]

Pour moi c’est LA raison pour le lire, c’est un livre intelligent porteur d’une grande sagesse. Il faut lire ce livre pour la justesse des réflexions qui se dégagent des pensées et paroles du Comte. À travers ses expériences, le Comte diffuse des leçons de vie. Et il en reçoit lui aussi.

 

  • 1/ Il a un discours qu’on pourrait qualifier de philosophie de l’acceptation et de la reconnaissance.

Exemple concret, le Comte dit :

“Il n’y a ni bonheur ni malheur en ce monde, il y a la comparaison d’un état à un autre, voilà tout. Celui-là seul qui a éprouvé l’extrême infortune est apte à ressentir l’extrême félicité. Il faut avoir voulu mourir, […], pour savoir combien il est bon de vivre

Ce qu’il veut dire ici, c’est que bien souvent l’on n’arrive pas à se satisfaire des simples plaisirs de la vie que l’on a autour de soi (ces micro-moments de bonheur qui existent bel et bien mais que l’on n’arrive plus à voir). Le propre de l’homme est d’être dans un perpétuel état d’insatisfaction et de vouloir toujours plus (d’argent, de temps, d’amour, de biens etc. etc.).

Ce que je comprends dans cet extrait c’est qu’il n’a jamais été aussi important (encore plus en cette période de crise du covid) d’être reconnaissant de ces petits plaisirs qui parsèment notre quotidien. Seulement, pour parvenir à cet état de reconnaissance et disons le mot, de gratitude pour ce qu’on a, il faut avoir emprunté un certain chemin (de vie et de pensée).

Le Comte explique que pour ressentir cet état de grande félicité, il faut d’abord avoir été confronté à une situation d’intense souffrance, pour que vienne ensuite la phase de renoncement et enfin l’acceptation. Car c’est seulement là, au moment où l’on renonce au bonheur qu’on s’était figuré et que l’on accepte les choses dans l’état où elles sont (en gros qu’on touche le fond, disons le ainsi), qu’on sera en mesure d’apprécier tout ce qui s’offre à nous.

Pour le Comte il faut avoir voulu mourir pour savourer ce que la vie nous offre. Son raisonnement est extrême et discutable mais l’idée est là. En laissant certains personnages aller presque jusqu’au bout de leur acte suicidaire, il veut ainsi qu’ils puissent réellement mesurer et savourer le bonheur que le Comte a prévu de leur offrir par la suite. Non pas pour qu’ils lui vouent un culte, mais pour qu’ils soient reconnaissants de la valeur de la vie. Combien de fois avons-nous désiré ardemment quelque chose puis tel Caderousse le filou, une fois l’objet du désir obtenu, nous avons oublié la valeur qu’il avait et avons demandé plus, toujours plus. Le message est simple : Ne désire pas plus. Vis l’instant et sois reconnaissant pour ce que tu as.

 

  • 2/ La puissance de l’amour comme élixir de vie

Le Comte découvrira aussi à ses dépens que l’homme, aussi puissant et armé soit-il, ne peut contrôler une chose : les sentiments croisés des autres. Il apprendra que l’amour maternel est plus fort que tout et qu’une femme est prête à se soustraire à la vie si elle peut sauver celle de son enfant. Paramètre critique qu’il n’avait pas intégré dans sa machination.

Je vais me risquer à un parallèle hasardeux et digresser ici. Prenez Harry Potter, toute l’histoire repose sur sa survie. Et à quoi là doit-il ? À l’amour de sa mère. J’ai lu un livre très intéressant qui mêle HP et philo, je vous en parle à la fin de cet article.

Revenons au Comte. Il apprendra qu’on peut encore avoir le coeur palpitant d’un doux battement inaudible alors qu’on le croyait mort et éteint depuis longtemps. L’amour est chose si forte qu’elle peut rallumer les coeurs les plus froids et faire vaciller les esprits les plus inflexibles. Et ça, le Comte ne l’avait pas prévu dans ses plans.

 

  • 3/ La part d’incertitude et spontanéité fait le sel de la vie

Justement, le futur n’est pas un objet malléable selon ses désidératas. L’avenir ne peut être décidé par la seule volonté d’un homme déterminé, peu importe la quantité d’argent ou de temps dont il dispose. C’est une chose impalpable et imprévisible. Même avec tout l’argent du monde on ne peut se risquer de jouer avec ni de parier dessus.

En regardant les liens se créer entre un garçon – qu’il considère comme son fils – et la fille de son ennemi, il comprendra qu’on ne peut pas tout acheter, et certainement pas contrôler les sentiments des autres malgré toutes les machinations possibles. Surtout, la vie lui donnera une leçon : il est impossible de planifier sa destinée. Il y a toujours une part d’incertitude et de spontanéité qui se glisse dans quelque plan de vie tracé d’avance ou vengeance même brillamment orchestrée. Et à y réfléchir, il se rend compte que c’est mieux ainsi.

 

  • 4/ Nous sommes la somme des personnes dont on s’entoure

La rencontre en prison avec l’abbé est déterminante. Elle va lui donner un nom, une instruction, une vision, un but de vie. C’est l’abbé qui va l’instruire et le faire s’élever au rang de grand intellectuel. Ce passage nous rappelle que l’on est façonné par les rencontres que l’on fait dans sa vie. Qu’on grandit grâce aux autres et en miroir d’eux.

Raison 3 : Pour la langue du XIXè siècle

Ô que j’ai aimé la plume de Dumas. Certes, il y a des expressions passées de mode, mais je trouve que ça lui donne tout son charme. C’est désuet mais envoûtant. J’ai d’autant plus aimé la sonorité grâce à l’audio. Je le redis, la voix d’Eric Herson-Macarel est à tomber !

Le mot de la fin pour les plus réticents

  • N’oubliez pas que Dumas ne laisse rien au hasard. Rien. Si certains passages vous semblent n’avoir aucun intérêt, attendez un peu et vous verrez qu’il auront leur utilisé plus tard. L’intrigue est bien ficelée.
  • Si vous avez peur de vous ennuyer, n’ayez crainte car jusqu’à la fin il y aura des rebondissements dans cette grande épopée. C’est long mais c’est un régal. 
  • Pensez à la version audio ! À la lecture papier j’aurais sûrement ressenti des longueurs mais l’audio a cela de révolutionnaire en ce que la voix vous berce et qu’il est possible d’écouter en lecture accélérée 😉  Je pose ça là.
  • Ai-je dis que la voix d’Eric Herson Macarel est magnifique ?

Pour aller plus loin :

Lire Harry Potter à l’école de la philosophie. Non vous ne rêvez pas, c’est bien un livre de philosophie (vulgarisée). Il y est question de théorie de la finitude qui rejoint le cheminement de pensée du Comte. Vous retrouverez mon avis dessus en cliquant sur le titre.

Pour écouter en audio ça se passe aux éditions Sixtrid, c’est disponible sur les plateformes telles que : Audible, Book d’oreille et d’autres… Je n’utilise qu’Audible (je sais c’est Amazon…) mais elle est pratique. J’ai eu du mal à comprendre le fonctionnement au début, alors si vous avez des questions sur le livre audio, n’hésitez pas !

À propos du livre

Paru en 1844
Livre audio : deux tomes d’environ 25h chacun | Éditions Sixtrid | Lu par Eric Herson-Macarel

Mon ressenti

5 /5

La note des lecteurs Babelio

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