[À lire _ pour embarquer sur un bateau de migrants et ressentir leur terreur]
De quoi parle ce roman ?
Comme j’ai aimé ce court premier roman ! C’est un récit avec une grande puissance d’évocation comme je les aime. Lire et ressentir la moiteur de l’atmosphère, l’épaisseur de la nuit qui tombe sur les côtes libyennes, la mer qui s’agite et se soulève avec en son sein les corps qu’elle charrie pour les déverser sur le sable le lendemain. Imaginer sur l’eau ces hommes, femmes et enfants entassés sur un bateau de fortune qui vomissent leurs illusions ou gardent une once d’espoir de survivre à la traversée pour atteindre la terre promise. Eux, des survivants dits migrants.
Dès les premières pages j’ai été embarquée par ce récit bien trop réaliste, happée par la force des paysages qui se dessinaient sous mes yeux.
L’histoire gravite autour de Seyoum, passeur de profession, et du business qu’il a monté. Une affaire juteuse qui implique de soutirer un maximum d’argent à des hommes qui remettent leur vie entre les mains de Seyoum dans l’espoir qu’il les fasse traverser pour atteindre le continent d’en face. Un ailleurs meilleur ?
Mon avis sur ce livre
Premier roman très réussi qui interroge sur la part d’humanité. Car Seyoum, impitoyable et sans scrupules, n’est en réalité que le résultat de ce que la vie a fait de lui. Il fut un temps où il était un être lumineux mais il s’est éteint lorsque sa promise lui a été arrachée. Depuis, il n’est plus que l’ombre de lui-même. Il tente de survivre à sa façon pour ne pas se noyer dans les eaux du chagrin. Dans sa quête pour survivre il a opté pour la résignation, la brutalité et l’imperméabilité aux sentiments. Il suffit parfois de peu pour faire ressurgir la part de lumière enfouie en soi. C’est ce que Stéphanie Coste nous démontre avec brio.
Pourquoi le lire ?
- Pour l’intensité de l’émotion contenue dans seulement 130 pages
- Pour ne jamais s’habituer à l’horreur de la situation
A éviter si…
- Vous n’arrivez pas (mais alors pas du tout) à vous plonger dans un texte aussi court
À propos du livre
130 pages | Paru en 201 | Aux éditions Gallimard | Prix de la Closerie des Lilas 2021 🎖️
Je l’ai fini récemment et je partage totalement ton avis. Je trouve parfois difficile d’entrer dans des romans courts, mais là, c’est la claque dès les premières pages, dès les premiers mots. Un concentré de violence qui nous laisse K-O, le coeur au bord des lèvres, mais l’envie étrange d’en savoir plus, de prolonger encore un peu le voyage sous la plume de Stéphanie Coste. L’avantage de ce texte court, c’est qu’il est parfaitement maîtrisé de bout en bout, avec cette chute terrible, inattendue et pourtant tellement évidente…